Prix Handi-Livres 2018 : Meilleur Livre Jeunesse Enfant

Brieuc du Bot (à gauche), responsable des partenariats de la Société Générale, et Manon Lalouelle (à droite), attachée de presse de la maison d'édition de l'auteure Sigrid Baffert

L'auteure

Sigrid Baffert est née à Lyon, au pied d’une colline, en 1972. Après avoir obtenu une maîtrise de cinéma et une licence de gestion de projets culturels, elle a suivi des cours d'art dramatique, de musique et de chant. Parallèlement à ces activités, elle écrit des chansons et des histoires pour enfants. Elle a ensuite exercé différentes professions : animatrice pédagogique dans une cinémathèque, assistante de mise en scène dans un théâtre de marionnettes ou encore adjointe administrative dans une compagnie de danse. En 1996, elle a décidé de partir s’installer à Paris. Les différents emplois qu’elle a occupé dans des musées se révèlent être une grande source d’inspiration. Ses vacations successives lui ont même inspiré la composition d’une chanson intitulée Ballade pour une gardienne de musée, interprétée par nul autre que Serge Reggiani (in album « Les adieux différés », éd. Tréma). En 1999 est également paru son premier roman, En roues libres (éd. Syros). Depuis, Sigrid Baffert se consacre à l'écriture (romans, albums, spectacles musicaux) dont elle se sert pour aborder des sujets importants tels que le handicap, le travail des enfants ou la pollution, afin de sensibiliser son lectorat.

A noter

Les illustrations de Krol, le fou qui ne savait pas voler, ont été réalisées par Aurore Callias. Née en 1978 et issue de l'École Estienne à Paris, elle a ensuite étudié la scénographie à l'École de la Cambre à Bruxelles. Elle écrit et dessine principalement des livres pour la jeunesse mais signe également la création graphique de pop-ups.

En 2016 était paru le premier tome de cette série, intitulé Krol le fou.

Résumé

Krol, le fou de Bassan, n'a pas réussi à attraper son 988ème hareng. Au moment de plonger, son aile gauche l'a lâché. Ne plus voler, c'est ce qui peut arriver de pire à un fou. À part se faire manger, bien sûr. Alors qu'il a échoué sur le rivage, une petite fille aux bottes jaunes approche en sautillant. Elle a quelque chose qui rappelle les pirates. Et Krol se souvient des récits de son grand-père: « Les pirates mangeaient parfois les fous : un coup de sabre et à la broche ! »

Oona et son grand-père emmènent Krol blessé chez eux, dans leur maison loin de tout. Un piège ou une chance ?

Critique/Avis

C’est avec humour et sous deux prismes que Sigrid Baffert attire l’attention de ses jeunes lecteurs sur un sujet aussi important que le handicap : Krol, le fou de Bassan qui se retrouve soudain incapable de voler en raison d’un problème psychosomatique, et Oona, une jeune fille handicapée moteur à cause d’un accident de la route l’ayant obligée à devoir porter une prothèse de la jambe. À travers la rencontre de ces deux-là, l’auteure a construit une histoire afin de transmettre les vertus de l’amitié et le réconfort que l’on y puise pour affronter les difficultés de la vie. Évitant l’écueil qui consisterait à assurer que l’on guérit de tout, cet album montre au contraire que dans certaines situations irréversibles, comme celle dans laquelle se trouve Oona, il faut deux fois plus de courage pour s’accepter et réapprendre les gestes de la vie ; le récit de la remise en selle de la jeune fille sur son vélo avec l’aide de son grand-père est un exemple du genre. À plusieurs reprises, on sent la détermination qu’elle a dû mettre en œuvre pour se reconstruire et notamment sur le plan psychologique. Cette même détermination, Oona a su la transmettre à son ami Krol au moment où celui-ci semblait perdre l’illusion de pouvoir revoler un jour alors que la confiance en soi était au cœur de son handicap soudain. Un récit qui mérite d’être valorisé pour les qualités de patience et de détermination qu’il met en avant lorsqu’on se trouve confronté à une épreuve aussi brutale que le handicap.

L’histoire

Alors qu’il s’apprêtait à pêcher son 988ème hareng, Krol, un fou de Bassan averti, capable d’effectuer des plongeons à une vitesse de 100 km/h, sentit son aile gauche « devenue plus molle qu’un fromage fondu. » Relégué à se laisser flotter jusqu’à la rive et incapable d’accompagner les autres fous dans leur migration vers l’Afrique, Krol se retrouvait seul à terre et le ventre vide sur l’île de Skye. Marchant clopinclopant sans trop comprendre ce qu’il lui arrivait, il fit alors connaissance d’Oona, une fillette qui, voyant son mal, partit chercher du secours auprès de son « Grand’Pa ». Tous deux revinrent pour emmener Krol qui déjà se voyait finir en ragoût dans une cocotte... Inquiet du sort qui lui serait réservé, l’oiseau découvrit au même moment qu’Oona cachait sous ses grosses bottes une prothèse pour marcher : « Toi, tu as l’aile qui gondole, et moi, c’est ma guibole », lui lançait alors la jeune fille. Par les soins de Grammy, Krol découvrit avec étonnement et stupeur que l’origine de sa blessure était davantage psychosomatique que motrice. Décidé à se laisser aller dans sa torpeur, Krol semblait oublier un instant le tempérament d’Oona pour le remettre sur ses ailes…