Handi-Livres 2015 : Meilleur Roman

Handi-Livres 2015 : Meilleur Roman

L’auteur

Fabienne Thomas est née en Provence et a passé son enfance dans le Sud-Ouest, avec les Pyrénées pour paysage, avant de rejoindre les rivages de l’Atlantique et vit désormais en région nantaise. Après avoir suivi des études littéraires, elle s’est dirigée vers l’enseignement. La naissance de son troisième enfant, porteuse d’un handicap intellectuel et visuel, l’a confrontée à la question de la norme, de la différence. Elle choisit alors de se spécialiser auprès des jeunes en difficultés d’apprentissage et d’enseigner pendant six ans en Institut Médico Educatif (IME). Elle a ensuite suivi une formation intitulée « Écrire pour faire écrire », complétée par une formation en Histoires de Vie. Depuis 2006, avec Crayon Libre, elle crée et anime des ateliers d’écriture auprès de publics très variés et intervient comme formatrice auprès des orthophonistes et des éducateurs spécialisés. Amoureuse des mots, des gens et de leurs histoires, elle mène en parallèle sa propre démarche d’écriture. Elle a publié en 2010 son premier roman Ombre portée, avant de puiser dans sa propre histoire pour écrire L’enfant roman. Elle a rejoint en 2013 l’association des Romanciers Nantais.

A noter

Les éditions Passiflore mettent en avant une ligne éditoriale investie dans l’ouverture à l’autre et décidée à faire changer le regard porté sur le handicap et la différence. Cette volonté s’exprimait dans la publication d’ouvrages tels que La carapace de la tortue de Marie-Laure Hubert-Nasser ou L’effacement de Pascale Dewambrechies.

Résumé

« Clara se moque de l’argent, de l’économie mondiale et des contraintes horaires. Elle ne sait ni lire, ni écrire, ni compter, ne mesure ni la monnaie ni le temps. Humaine nouvelle, elle défriche d’autres valeurs et développe d’autres sens. Clara parle le langage du cœur, le langage des simples et des oiseaux. » Tous les futurs parents ont en tête un enfant rêvé que la réalité bouscule parfois. L’enfant roman est le récit de l’écroulement d’un monde, de la perte totale de repères. C’est aussi la rencontre de deux jeunes gens avec eux-mêmes grâce à Clara, leur enfant hors norme. Car au-delà de l’épreuve, L’enfant roman est l’expression de la force de vie, de la reconstruction et de la renaissance.

Critique/Avis

À travers une écriture tout en finesse et en sensibilité, Fabienne Thomas passe au microscope l’intimité des êtres qu’elle invite à découvrir avec pudeur. Un ton plein de justesse qui plonge le lecteur dans la découverte d’individus, comme tant d’autres, dont la vie bascule et qui sont amenés à remettre en cause leurs certitudes sous le prisme de la différence. Un parcours du combattant qui s’annonce insurmontable mais qui révèle des richesses insoupçonnables. Le personnage de Violette est l’incarnation des rêves déçus d’une mère mais son cheminement, que le lecteur suit avec empathie et compassion d’abord, aboutit à une sorte de libération et de grandeur d’âme. Ce qui apparaissait comme une épreuve devient un cadeau et c’est au-delà des seuls thèmes du handicap et de la différence que Fabienne Thomas nous interroge : convertir des obstacles en aventure humaine, porteuse de générosité et de douceur. L’autre force de cette fiction tient à la personnalité « hors norme » de Clara : alors qu’elle catalysait la peine de ses parents, c’est en elle qu’ils vont aller puiser le dépassement d’une amertume première convertie au fil des pages en l’expérience d’une bonheur retrouvé.

L’histoire

Entre fiction et autobiographie, L’enfant roman met en scène les difficultés d’un jeune couple à peine entré dans l’âge adulte et dont le monde s’écroule avec l’arrivée de Clara, une petite fille qui naît handicapée. Violette et Baptiste rêvaient d’un enfant idéal, à l’image de leur vie, et c’est l’ensemble de leurs certitudes qui vont se trouver bousculées par Clara et les différences qu’elle véhicule. À eux de trouver de nouvelles ressources pour surmonter cette épreuve. Une énergie qui va finalement venir de Clara elle-même qui va apprendre à ses parents un autre langage, défricher d’autres valeurs et développer d’autres sens.