L’auteur

Philippe Fourny est délégué général de l’Union française des orthoprothésistes (Ufop) depuis 2009. Né en 1960, ce finistérien d’origine, père de deux enfants, est journaliste et juriste de formation. Il a déjà publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages. Avec cette sixième publication, il vient défendre les intérêts d’une profession « orpheline » ; une injustice qu’il se propose de réparer, tant pour les orthoprothésistes que pour leurs patients, les personnes appareillées.

A noter

La préface d’Homo erectus a été rédigée par Yves Coppens, paléoanthropologue et professeur au honoraire au Collège de France. Reconnu comme étant l’un des plus grands spécialistes français de l’évolution humaine, il a entrepris de nombreuses fouilles, parmi lesquelles on compte la découverte de la célèbre Lucy.

Résumé

L’histoire des rois et des grandes batailles ou l’histoire des petits métiers et de la piétaille trouvent dans ces portraits un écho singulier. L’orthoprothésiste, qui conçoit, entre autres, les membres artificiels – et dont la dénomination est récente – s’est illustré sur le front des combats sans jamais apparaître directement. À l’instar des bâtisseurs de cathédrales, ce qui fut longtemps une corporation à privilégier la transmission orale par rapport à l’écrit. Homo erectus, le combat d’une profession est le premier ouvrage à retracer l’histoire et la réalité contemporaine de ce métier, désormais auxiliaire de santé au même titre que celui d’infirmier ou de kinésithérapeute. Richement illustré de documents inédits, ce livre relate, des temps anciens aux perspectives d’avenir, le long processus de la compensation du handicap.

Critique/Avis

Dans sa forme, Homo erectus s’inscrit dans la tradition des « beaux livres », avec une vaste iconographie, des textes travaillés, une impression de qualité ; sans oublier les dossiers en annexes qui synthétisent et complètent l’ouvrage. Mais c’est presque secondaire comparé à sa valeur pédagogique. Il offre une vision d’ensemble de cette profession à travers les âges mais aussi des matériaux de l’époque, des techniques scientifiques et du handicap. Dans un langage simple mais précis, le lecteur est sensibilisé et familiarisé à ce métier qui oscille entre la science et la performance artistique. C’est également l’occasion de revenir sur l’histoire des patients appareillés, pour lesquels l’orthoprothésiste a été l’artisan d’une qualité de vie nouvelle au fil des siècles. Une démonstration qui tend à prouver que, depuis l’Antiquité, l’être humain a cherché à compenser son handicap pour ne jamais s’y résoudre. Enfin, dans cette sélection annuelle du prix Handi Livres, où les auteurs ont souvent critiqué les professionnels pour leur langage difficile ou leur indifférence relative, il est de bon ton qu’un livre tel que celui-ci invite à un rééquilibrage, en rendant hommage à un corps professionnel très actif sur ce champ de bataille qu’est le handicap.

L’histoire

L’ouvrage de Philippe Fourny est un manuel d’histoire en tant que tel, qui raconte 3 000 ans d’un savoir-faire bien particulier. Comme l’annonce la quatrième de couverture, l’auteur compense la tradition orale de cette profession et vient nous l’expliquer. La trace du premier prothétique remonte au IXème siècle avant Jésus Christ, dans l’Egypte antique, selon le témoignage d’une momie amputée des suites d’un diabète. Pendant des siècles, il ne s’agissait pas de prothèses au sens d’appareillage et il a fallu attendre le XVIème siècle et le génie d’Ambroise Paré, chirurgien et anatomiste français, pour voir se dessiner les premières prothèses articulées. D’abord conçues par des « blouses bleues », le métier passera progressivement aux mains des professionnels de la santé ; notamment en raison des blessures infligées par les guerres successives. Si l’existence de la profession est manifeste, il faudra attendre 2007 pour qu’elle soit reconnue comme une spécialité à part entière. De la jambe de bois du paysan aux lames acérées des athlètes handisport, c’est toute l’histoire d’une profession et du handicap qui est retracée.