La grande étude Homère sur la déficience visuelle livre ses conclusions

Une femme aveugle utilise une canne blanche en se promenant dans un parc

En février 2021, un collectif d’associations – incluant notamment l’association Valentin Haüy et la Fédération des Aveugles de France – et l’Institut national des jeunes aveugles lançaient « Homère », la plus grande enquête sur la population déficiente visuelle jamais menée en France. Elle a été menée par une équipe de 4 chercheurs des universités Lyon 2 et Paris 8. Les résultats de cette enquête nationale ont été publiés mardi 7 février 2023.

Réalisée auprès de 1 865 personnes de manière participative, l’étude Homère permet d’avoir une connaissance précise de ce qu’est le quotidien des personnes aveugles ou malvoyantes, quels que soient leur âge et leur territoire. Elle offre également un point de situation réel et actuel sur les questions suivantes : dépistage, scolarisation dans un établissement spécialisé, inclusion dans le milieu scolaire ordinaire, accès à l’information et au numérique, études supérieures et activités sportives ou de loisirs, vie sociale, accès aux droits, logement, travail, déplacements, santé, vie sentimentale, parentalité, etc.

Voici certains des enseignements de cette enquête...

Autonomie

  • Essentielle pour l’autonomie de la personne aveugle ou malvoyante sévère, la maitrise du braille varie considérablement en fonction de l’intensité et de l’âge de survenue de la déficience : 79 % des personnes aveugles de naissance sont braillistes, contre 15 % après 40 ans et 0 % après 60 ans.
  • Les répondants dont la déficience visuelle est survenue à partir de 65 ans sont moins de 10 % à être formés à la locomotion, c’est-à-dire apprendre à se déplacer en sécurité, pourtant indispensable pour garder son autonomie.
  • Numérique : 65 % des répondants utilisent Internet tous les jours ou presque. Réaliser des démarches en ligne de façon autonome n’est simple que pour 10 % des répondants.
  • Emploi : parmi les principaux obstacles à l’emploi, les répondants ont cité les outils et logiciels non adaptés, l’inaccessibilité des annonces en ligne ou des moyens pour postuler.
  • Accès aux droits : deux tiers des répondants majeurs ont besoin d’être accompagnés pour voter. Parmi les répondants majeurs de 18 ans et plus qui votent, près d’un cinquième ont déjà renoncé en raison de leur problème visuel.
  • Accès aux services publics : près de 60 % des répondants préfèrent avoir un contact humain dans le cadre de leurs démarches, que ce soit par téléphone ou au guichet, et 28 % préfèrent le faire sur un site Internet, sous réserve qu’il soit accessible.

Participation sociale

  • Scolarité : 63 % des répondants de 5 à 15 ans n’ont pas accès aux supports de cours adaptés à leur handicap en même temps que leurs camarades. En études supérieures, il n’y a pas d’aménagement ou d’adaptation des cours pour la moitié des répondants, et pas d’aménagement des examens pour un tiers d’entre eux malgré les obligations réglementaires.
  • Travail : près de la moitié seulement des répondants qui ont demandé un aménagement de poste considère qu’il correspond à leur besoin.
  • Sport et culture : les principaux obstacles à la pratique du sport et de la culture sont les difficultés d’accès : transport, accessibilité du quartier, des matériels et aménagements intérieurs, manque d’accompagnement formé au handicap visuel.

Les résultats de l’étude Homère donne des pistes de réflexion sur les améliorations possibles pour répondre aux besoins des personnes déficientes visuelles. Par ailleurs, le collectif d’associations réclame auprès des pouvoirs publics la création d’un Observatoire de la déficience visuelle.