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Handicap à la télévision : de (trop) timides progrès...
Chaque année, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) publie un rapport rendant compte du respect par les chaînes de télévision de leurs obligations en matière d’accessibilité des programmes et de l’état de la représentation du handicap à l’antenne.
Quel bilan dresse le rapport portant sur l’année 2019 rendu public récemment ?
Des efforts pour l’accessibilité des programmes
D’après la loi, l’ensemble des principales chaînes (celles dont la part d’audience est supérieure à 2,5 % de l'audience totale des services de télévision) ont l’obligation de sous‐titrer la totalité de leurs programmes, hors publicité et dérogations. En 2019, neuf chaînes sur onze ont pleinement respecté leurs obligations. Seules deux (M6 et W9) ont déclaré des taux de programmes sous-titrés très légèrement inférieurs à 100 %.
Ainsi, l’année dernière, entre 6 639 heures et 8 465 heures de programmes ont été sous-titrés sur l’ensemble de ces chaînes.
Du côté des chaînes d’information en continu, elles ont toutes respecté leurs obligations de sous-titrage. On note néanmoins que, comme les années précédentes, toutes chaînes confondues, ce sont les deux chaînes d’info en continu du service public (Franceinfo et France 24) qui proposent les volumes de programmes sous-titrés les plus élevés.
En ce qui concerne les programmes en langue des signes française (LSF), seules les chaînes d’info en continu sont tenues par des obligations. En effet, leurs conventions exigent qu’elles mettent à l’antenne un certain nombre de journaux traduits en LSF. Et pour l’exercice 2019, elles ont été respectées. Mais le CSA remarque que les chaînes généralistes ont pris des initiatives en dehors de toute obligation légale. A titre d’exemple, France Télévisions a proposé deux programmes traduits en LSF : sur France 2, le journal quotidien de Télématin, diffusé entre 6 h 30 et 9 heures en semaine et 7 heures et 8 h 35 le samedi, et sur France 5, le magazine hebdomadaire, L’œil et la main. TF1, M6, Gulli et le groupe Canal ont également pris des engagements volontaires de ce type.
En outre, on apprend également dans le rapport du CSA que sept chaînes privés (TF1, C8, W9, TMC, TF1 Séries Films, 6Ter et Chérie 25) et France Télévisions ont renforcé leur offre de programmes audiodécrits par rapport à 2018. Néanmoins, si France Télévisions, TF1 ou 6ter ont augmenté le nombre de programmes inédits audiodécrits mis à l’antenne (avec respectivement 329, 37 et 21 programmes inédits de plus que l’année dernière), les autres chaînes n’en ont diffusé que très peu.
Le CSA a également souhaité examiner le niveau d’implication des chaînes s’agissant de l’accessibilité de leurs programmes sur les services de médias audiovisuels à la demande (SMAD), tels que France.tv, MyTF1 ou encore 6play. Si l’ensemble des onze groupes audiovisuels groupes interrogés proposent des contenus accessibles sur leurs SMAD, le niveau d’accessibilité n’est toutefois pas toujours le même selon les plateformes. Ainsi, de manière unanime, les groupes audiovisuels font état des mêmes difficultés techniques et financières pour proposer des contenus accessibles sur leurs SMAD : certains players vidéo ne leur permettent toujours pas d’intégrer une seconde piste audio et l’absence de norme unique sur l’ensemble des différents supports de diffusion de leurs SMAD conduisent les éditeurs à devoir créer des versions spécifiques de chaque programme pour chacune des plateformes.
Représentation du handicap toujours « quasi inexistante »
Le CSA fait remarquer dans son rapport qu’aucun acte de discrimination en raison de l’état de santé ou du handicap n’a été relevé dans les médias audiovisuels en 2019. Mais s’agissant de la représentation du handicap à l’antenne, le constat est plus sombre : elle reste toujours très marginale ; seulement 0,7 % du total des personnes indexées sont perçues comme handicapées (contre 0,8 % en 2016, 0,6 % en 2017 et 0,7 % en 2018), alors que la société française compte plus de 12 millions de personnes handicapées (18 % de la population totale).
Le handicap moteur est le handicap le plus représenté à l’écran avec 54 % des handicaps perçus, en forte augmentation par rapport à 2018 où il ne pesait que pour 26 % des personnes indexées. Le nanisme est visible pour 3 % (contre 19 % en 2018), les handicaps mentaux ou psychiques pour 7 % et les handicaps visuels ou auditifs pour 8 %. Bien loin de leur « poids réel » dans la société…
Ces chiffres restent bas malgré les efforts déployés par les chaînes pour mettre en scène, notamment dans leurs fictions emblématiques, des héros ou personnages principaux en situation de handicap. Comme c’est le cas par exemple avec Les bracelets rouges ou Good Doctor diffusées sur TF1, Cain, Vestiaires ou Un si grand soleil sur France 2, Plus belle la vie sur France 3 ou l’animation Dragon par-delà les rives sur Gulli.
Le CSA espère une amélioration de la représentation du handicap en 2020 grâce aux premiers effets de la Charte signée fin 2019 avec les principaux groupes audiovisuels, dans laquelle ils s’engageaient à rendre la question du handicap plus visible sur leurs antennes.