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Numéro 4 - Gilles Lurton, député Les Républicains d'Ille-et-Vilaine
Député Les Républicains (LR) de la 7ème circonscription d’Ille-et-Vilaine, Gilles Lurton est également Secrétaire du groupe d’études « Handicap Inclusion » et membre du groupe « Austime » à l’Assemblée nationale. Il revient sur son travail parlementaire au sein de ces groupes et partage sa vision de la politique Handicap du Gouvernement. Rencontre.
Q1. Vous avez décidé de rejoindre le groupe d’études « Autisme » à l’Assemblée nationale et vous avez, à de nombreuses reprises, pris la parole sur des thématiques liées au handicap. Comment les travaux de votre groupe d’études contribuent-ils à construire une société plus inclusive ?
Le rôle de notre groupe d’études « Autisme » est de tout mettre en œuvre pour tenter de mieux comprendre les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes atteintes du spectre autistique, mieux comprendre aussi le désarroi de leurs familles car, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres concernant le handicap, nous sommes très loin du « zéro sans solution ».
Pour effectuer ce travail, nous auditionnons toutes les personnes, toutes les associations qui, par leurs pratiques, peuvent nous aider à proposer de meilleures solutions pour l’intégration des personnes en situation de handicap.
Le Gouvernement, par l’intermédiaire de la secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée des personnes handicapées, vient de nous présenter un plan pour une société plus inclusive. Notre rôle est de suivre l’évolution effective de ce plan, tenter de l’accompagner ou de le corriger par toutes les connaissances que nous avons acquises sur le sujet. Et surtout poursuivre notre travail d’écoute pour que toute évolution matérielle ou scientifique soit mise au service des personnes qui en ont le plus besoin.
Q2. Quel regard portez-vous sur les politiques publiques du Handicap menées par le Gouvernement ?
Le Gouvernement veut aller vers une société plus inclusive, c’est-à-dire permettre à toute personne atteinte d’un handicap de parvenir à s’épanouir, travailler, vivre tout simplement, en milieu ordinaire. En d’autres termes, cela veut dire que les enfants en situation de handicap doivent pouvoir apprendre à l’école comme tous les enfants, les adultes en situation de handicap qui veulent travailler doivent pouvoir le faire au sein même des entreprises et des administrations.
Cet objectif, je le partage et je veux y participer. Mais nous en sommes très loin et il reste beaucoup de travail à accomplir. Il ne suffit pas de dire « je veux une société plus inclusive », il faut se donner les moyens d’y parvenir.
Alors, je sais qu’il faudra du temps pour réaliser cet objectif et je ne peux pas tout demander d’un coup au Gouvernement. Mais en disant cela nous créons un grand espoir chez les personnes en situation de handicap et nous n’avons pas le droit de les décevoir. C’est la raison pour laquelle je demeure très vigilant, voire même exigeant sur la mise en œuvre de cette politique inclusive. Et très vite, je tirerai des conclusions sans concession sur la volonté du Gouvernement d’y parvenir et sur les moyens dont il se dote.
Par ailleurs, si j’attache une très grande importance à cette société plus inclusive, je sais aussi qu’un nombre important de personnes en situation de handicap ne peuvent pas en bénéficier compte tenu de la nature de leur handicap. Ces personnes, notre société a le devoir de les protéger. C’est la raison pour laquelle je pense que nous devons préserver notre soutien et les moyens alloués aux ESAT et aux entreprises adaptées pour permettre à ceux qui ont besoin d’un milieu plus protégé de le trouver. Je regrette à ce sujet la décision prise dans le cadre du projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel que nous venons d’examiner à l’Assemblée nationale, de ne plus comptabiliser que les emplois directs dans le taux d’obligation d’emploi des travailleurs handicapés des entreprises. Cela veut dire que les marchés confiés aux ESAT par les entreprises ne seront plus comptabilisés. C’est un très mauvais signal donné à ces établissements.
Cette société inclusive ne doit pas laisser sur le bord de la route toutes ces personnes en situation de handicap, ces enfants qui se trouvent aujourd’hui sans solution d’accueil. C’est à eux que je veux penser en particulier. Et je sais qu’ils sont très nombreux aujourd’hui, laissant leur famille dans le plus total désarroi.
Lors du Conseil ministériel du 20 septembre 2017, la Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre, chargée des personnes handicapées a fixé les grands axes de la politique du Gouvernement en matière de handicap et a souhaité, je la cite, « accélérer la transformation de l’offre sociale et sanitaire pour permettre une baisse rapide et d’ampleur au profit de l’accompagnement spécialisé, si nécessaire en milieu ordinaire ». Je le répète, je partage cette volonté mais je demande aussi très fortement que nous ne laissions personne sur le bord de la route. Et je suis convaincu que les ESAT, les entreprises adaptées ou les IME ont toute leur place dans cette politique. Nous avons besoin d’eux et, un an après l’arrivée d’un nouveau Gouvernement, il est, à mon avis grand temps de les rassurer sur leur avenir et sur la pérennité de leurs moyens. Ils sont prêts à évoluer et ils demeurent un maillon essentiel de la chaîne d’intégration des personnes en situation de handicap.
Enfin la politique du handicap c’est aussi une question de moyens financiers. J’approuve la décision du Gouvernement d’augmenter de 50 euros au 1er novembre 2018 puis de 40 euros au 1er novembre 2019 l’Allocation aux adultes handicapés (AAH). C’était nécessaire et même indispensable. Mais je ne comprends pas pourquoi, en même temps, le Gouvernement refuse d’augmenter d’autant le montant du plafond au-dessus duquel un couple ne peut plus percevoir cette allocation. Ceci risque de priver un grand nombre de couples du bénéfice de cette allocation. En d’autres termes, on reprend d’une main ce que l’on donne de l’autre. Je suis favorable à ce que l’allocation adulte handicapé soit attribuée à la personne reconnue en situation de handicap et qu’elle soit désolidarisée des revenus du couple. C’est une question d’indépendance de la personne en situation de handicap.
Je pourrai aussi vous parler des majeurs protégés pour lesquels le Gouvernement vient de décider de leur imposer les frais de leur protection sur le montant de leur allocation adulte handicapé, de la prime d’activité à laquelle n’ont plus le droit les personnes en emploi bénéficiant d’une pension d’invalidité… Autant de sujets qui démontrent que nous sommes encore loin d’une véritable politique d’augmentation des moyens des personnes en situation de handicap et que beaucoup d’efforts restent à faire.
Q3. Quelle est la vision portée par Les Républicains en matière de Handicap ?
Je pense que la politique en faveur des personnes en situation de handicap transcende les partis politiques. La politique en faveur des personnes en situation de handicap n’appartient à personne. C’est une conviction, une volonté que notre société a le devoir de mieux assumer la situation de ceux qui toute leur vie, ou temporairement, peuvent être « différents » et ont besoin de notre soutien. C’est un travail de longue haleine pour lequel chaque situation est particulière et doit être considérée en fonction de la personne et d’elle seule.
Cette politique a besoin d’être partagée et portée par tous sans jamais rien céder sur les avancées acquises.
Cette conviction, cette volonté, elle nous permettra de réussir si nous savons porter une attention particulière à chacune et chacun des plus faibles d’entre nous. C’est ce que je crois.